Julie Binay : le livre !

 Gagnez un exemplaire du  livre - Lien en fin d'article


Le 19 aout de cette année, à l'occasion de la rentrée littéraire, sortait en librairie aux éditions Favre "Julie, Matricule 247" rédigé par Muriel Meunier et dont j'ai le plaisir de signer la préface et la postface.

"Julie, matricule 247" est un roman fiction qui raconte l'histoire vraie de Julie Binay, mon aïeule, qui fut condamnée au bagne et à l'exil perpétuel en Guyane en 1894 et dont j'ai longuement eu l'occasion de parler sur ce blog.

Ce livre m'est précieux, vous vous en doutez, parce qu'il parle de mon histoire familiale. Mais aussi parce qu'il se nourrit des travaux et recherches que je mène patiemment depuis deux ans pour reconstituer la vie de Julie.

Depuis sa sortie, le livre a fait le tour de la Normandie et de la France, et la presse en a très souvent parlé (RTL - Ouest FranceParis Normandie  - Actu.fr ...). Muriel Meunier a également eu la gentillesse de me convier à une séance deédicace à Bolbec, ville de naissance de Julie.

En compagnie de Muriel Meunier lors de la séance de dédicace du livre à Bolbec en aout 2021


Je suis incroyablement chanceux et fier de pouvoir partager l'histoire de Julie avec vous et avec le grand public par l'entremise de ce roman et de son auteure Muriel.

🎁 Pour célébrer la sortie du livre les éditions Favre offrent trois exemplaires du livre de Muriel Meunier. Pour participer, rien de plus simple, cliquez sur ce lien. La remise en main propre du livre est possible gratuitement à Paris, au Havre et à Montréal. Sinon, prévoyez un frais d'envoi.

Les 3 énigmes (résolues) de Julie Binay, mon aïeule condamnée à l'exil perpétuel en Guyane (IV)

Cet article en deux parties est la suite d'une série d'articles sur Julie Binay, mon aïeule qui fut exilée au bagne en Guyane de 1896 à 1914.

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Énigme 2 : 1884, l'année maudite -Partie 2


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Palais de Justice du Havre (Circa 1910)

C'est peu dire que 1884 fut une année terrible pour Julie. Dans mon précédent billet, j'évoquais le décès soudain et brutal de Jean-Baptiste, son père, dans un accident survenu le 24 juillet 1884. Un mois plus tard,  c'est un autre épisode qui l'attend.

Julie endeuillée se retrouve sur le banc des accusés au Tribunal d'Instance du Havre pour outrage à la pudeur. Elle y risque une peine jusqu'à deux ans de prison.

Les 3 énigmes (résolues) de Julie Binay, mon aïeule condamnée à l'exil perpétuel en Guyane (III)

Cet article en deux parties est la suite d'une série d'articles sur Julie Binay, mon aïeule qui fut exilée au bagne en Guyane de 1896 à 1914.

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Énigme 2 : 1884, l'année maudite -Partie 1


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Dans mon premier article sur Julie, j'avais partagé une intuition sur le décès de son père Jean-Baptiste (et également mon arrière-arrière-grand-père), survenu le 24 juillet 1884 à l'âge de 56 ans :
A cette époque, les conditions de travail dans les carrières sont rudes et les accidents sont fréquents. Même si rien ne me permet de l'affirmer,  j'ai toutes les raisons de croire que le décès du patriarche de la famille [fut] soudain et lié à son activité professionnelle.
Je fondais mon intuition sur un indice. L'acte de décès de Jean-Baptiste précisait comme lieu du décès "la carrière exploitée par l'administration municipale chemin 73" autrement dit son lieu de travail. 

Rien ne me permettait toutefois de confirmer cette intuition quand je publiais mon premier article et je m'y étais je crois résigné. Mais c'était sans compter les charitables efforts de deux de mes lecteurs qui exhumèrent de poussiéreux articles de presse publiés en 1884. Car figurez-vous que le décès de Jean-Baptiste fut assez remarquable pour être raconté par la presse de l'époque. 

Je dois cette découverte à un premier lecteur, Daniel, qui entreprit des recherches dans le Journal de Rouen et fit cette inespérée trouvaille d'un premier récit du décès de Jean-Baptiste

Plus tard, Muriel Bisson, qui prépare un livre sur Julie, me fit parvenir un second article extrait du Journal de Bolbec et découvert par l'entremise du service Archives de la Ville de Bolbec.

Et ce sont ces deux articles mis bout-à-bout qui me permirent de comprendre ce qu'il se passa le jeudi 24 juillet 1884 dans la carrière municipale de la route 73. 

Pierre Charles Toussaint Blanchard, mon aïeul qui survécut à la Révolution française

Qui est Pierre Blanchard pour moi ? Pierre Blanchard est le frère de Jeanne Blanchard (1750-1819) dont je suis le descendant à la 7ème génération (du côté de ma mère). C'est donc aussi le fils de François Blanchard (1720-1784) et Suzanne Tison (1725-1795?), mes ancêtres à la 8ème génération.


Pierre Blanchard - Lithographie (1830)

C'est peu dire que mes recherches sur Pierre ont été aussi inattendues que singulières. 

Pierre Blanchard n'apparaît pas dans les livres d'Histoire. Il marqua pourtant son époque et la postérité se souviendra de lui pour un fait très précis : le 9 janvier 1826, il redonne vie à une congrégation qui s'était éteinte avec la révolution : la congrégation des eudistes.

En voulant suivre Pierre et marcher sur ses pas, je suis descendu dans l'histoire de France et ses intrigues. 

J'ai visité la Révolution, rencontré Napoléon et aperçu la Restauration. Pierre m'a emmené à Paris dans les collections des Archives Nationales. Il m'a fait lire la dernière lettre qu'il a écrite quelques jours avant de mourir. Il m'a guidé jusqu'à la chapelle du lycée privé Saint-Martin de Rennes où son cœur fut emmuré il y a de cela 189 ans. Et fait inédit, il m'a convié à son enterrement qui me sera raconté dans les détails par ses contemporains.

Ce sont ces découvertes que je m'apprête à partager avec vous. Au fil de mes recherches, j'ai découvert la vie d'un homme de conviction et fidèle à sa vocation qui sera le témoin privilégié des grands bouleversements de la France.

Voici pour la première fois l'histoire de Pierre Blanchard.

Les 3 énigmes (résolues) de Julie Binay, mon aïeule condamnée à l'exil perpétuel en Guyane (II)

Photo signalétique d'une bagnarde - Extrait du documentaire "Femmes au bagne"

Lorsque je terminais mon dernier article sur Julie Binay, plusieurs inconnues subsistaient.

J'ignorais par exemple ce qu'il était arrivé à Julie après son retour en France en 1914. Était-elle démeurée à Saint-Nazairre son port d'arrivée ? Était-elle rentrée à Bolbec où elle a grandi ? Ou bien à Paris où elle fut arrêtée avant d'être envoyée au bagne ? 

J'avais également l'intuition que le décès de son père en 1884 avait marqué un tournant dans sa vie, plongé la famille dans le malheur et l'indigence et avait obligé Julie à quitter Bolbec pour vendre ses charmes au Havre puis à Paris. Mais je n'en avais aucune certitude.

Je n'avais enfin eu accès à son dossier de bagne que de façon partielle. J'imaginais volontiers ses colères et ses tentatives d'évasion au gré des quelques rapports de l'administration que j'avais pu lire mais là encore il me restait à consulter son dossier dans son entier pour avoir une idée plus juste de la vie de Julie en Guyane.

Après six mois d'enquête, et avec le concours de quelques lecteurs, j'ai réussi à résoudre ces trois énigmes. Je sais maintenant ce qu'il est advenu de Julie à son retour en France et  dans quelles conditions elle est décédée. J'ai  réussi à en savoir plus sur les circonstances du décès de son père et l'incidence que cela a eu sur la destinée de Julie. Et j'ai eu accès à tout son dossier de bagne.

Je partage donc avec vous le premier chapitre d'une enquête qui en comportera trois et qui s'intitule :


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Énigme 1

Ce qu'il est advenu de Julie à son retour du bagne


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Le bilan d'une année de recherches sur ma généalogie

Photo de famille - A gauche Pierre Rabec mon arrière-grand-père (1923)


La fin de l'année est traditionnellement celle du bilan, alors permettez-moi de partager avec vous ces quelques lignes sur une année passée à travailler sur ma généalogie

J'aimerais commencer par vous dire qu'il y a  quelque chose que je n'avais pas anticipé en débutant mes recherches :  fouiller son histoire familiale, c'est explorer le genre humain dans ce qu'il a parfois de plus effrayant.

Au fil de mes recherches, j'ai croisé les jeunes filles qui se prostituent pour survivre. J'ai découvert celles qui sont envoyées en prison parce qu'elles ont tenté d'avorter. J'ai rencontré les femmes qu'on humilie parce qu'elles ont donné naissance à leur enfant hors mariage. J'ai découvert les jeunes hommes de vingt ans qu'on envoie mourir sur un champ de bataille et les traumatismes des familles décimées par la Grande guerre. J'ai rencontré celui qui menace de tuer sa femme sous l'emprise de l’alcool ou celle qui se pend dans son salon un matin d'hiver. J'ai fait connaissance avec la mal nommée justice qui envoie ses enfants au bagne. J'ai côtoyé des maladies, les blessures et l'indigence. J'ai entre-aperçu les lueurs des bombes qui explosent et anéantissent toute une ville.

J'anticipais ce genre d'histoires et leur noirceur. Et pourtant, toutes m'ont heurté plus que je ne l'aurais imaginé. L'explication tient peut-être du fait qu'il s'agit quelque part de ma propre histoire puisque ce fut celle de mes ancêtres et de l'époque à laquelle ils ont vécu.

Mais c'est aussi peut-être du à la nature de l'objectif que je poursuis : je ne cherche pas uniquement à placer des noms et des dates sur un arbre. Je veux surtout raconter ces histoires et les partager avec le plus grand nombre à travers ce blog.  Cela oblige à un effort de l'esprit pour imaginer ce que je ne peux que deviner à défaut d'avoir des certitudes. Et cela m'oblige également à un effort du cœur pour ressentir toutes ces joies et ces peines. Alors forcément, on ne ressort pas tout à fait indemne de cet exercice.

Je ne voudrais pas toutefois vous amener à penser que la généalogie est un exercice d'introspection qui consiste à dialoguer avec des gens morts car cette année a été aussi l'occasion de belles rencontres - avec des gens bien incarnés cette fois - qui m'ont permis d'aller plus loin dans mes recherches.

Des auteurs, des journalistes, des historiens, des bénévoles, ... Il y a dehors un monde incroyable de gens passionnés et prêts à aider. Sans compter ma famille, mes parents, mes oncles, mes tantes, mes cousins et cousines. Je crois que j'ai jamais été aussi proche et connecté à ma famille que depuis que j'ai débuté mes recherches.

2019 aura été enfin marqué de nombreux temps forts et surprises. Je n'imaginais pas que mon travail sur Julie Binay (mon aïeule envoyée au bagne à vie en Guyane) puisse contribuer à la publication d'un livre qui s'inspire de son histoire à paraître en 2020. Pas plus que je n'espérais pouvoir mettre la main un jour sur la une photo de mon arrière-grand-père (en illustration de cet article) ou visiter un jour la maison où celui-ci est né. Et je n'avais pas vu venir non plus que mon article sur mon grand-père Gaston Toutain entraîneur au HAC devienne l'article le plus lu sur mon blog et soit repris dans la presse locale.

Si je devais résumer ma première année de recherches, je dirais que depuis un an je danse sur une montagne de fumier. Cette montagne de fumier s'appelle le passé. La chose heureuse c'est que sur ce passé pestilentiel poussent de sublimes roses aux couleurs épatantes : Julie, Clémence, Gaston, Pierre, ...

Et après une année à brasser le passé, je n'ai aucun doute que le parfum de chaque rose à lui seul aura valu mon incursion dans le monde de mes ancêtres.

Comment j'ai retrouvé la trace de l'immeuble de mes arrière-grands-parents détruit pendant la guerre au Havre ? (suite)

Le 35 rue Emile Zola au Havre - (1909?)

Mes arrière-grand-parents, Pierre Rabec (1876-1941) et Augustine Aubin (1886-1971) ont ouvert une brasserie de cidre au 28-30 rue Emile Zola et ont habité sur le trottoir d'en face au 35 rue Emile Zola.

Dans un précédent billet, je vous expliquais mon travail pour retrouver la trace de l'immeuble où mes arrière-grand-parents - ont vécu. Et les diffucltés que je recontrais pour remonter le temps : la ville du Havre fut rasée à +80% en 1944.

Aujourd'hui, je vais revenir sur mon premier article car j'ai fait plusieurs découvertes d'importance.